Benoit Viot - AOP Pic Saint Loup
AOP PIC SAINT LOUP : UNE AVENTURE COLLECTIVE
Benoît Viot préside le Syndicat de l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) Pic Saint Loup. C’est le guide idéal pour mieux comprendre ce qu’est l’appellation.
Arrivé en Grand Pic Saint-Loup avec sa famille en 2001, Benoît Viot va parfaire son expérience de vigneron en travaillant chez et avec les autres.
Cet apprentissage de terrain, ce travail de partage et de transmission, va le guider jusqu’à la création de son propre domaine « Le Chemin des Rêves » à Saint-Gély-du-Fesc en 2003, puis aujourd’hui à la présidence du Syndicat de l’AOP.
Comment s’est faite la rencontre avec l’AOP ?
En 2005 j’ai découvert l’appellation au travers des « Vignes Buissonnières ». C’est un bel événement qui a l’ambition de faire découvrir notre terroir et déguster nos vins accompagnés d’une restauration de grands chefs, au cours d’un parcours à étapes dans les vignes. Cela m’a aidé à rencontrer d’autres vignerons.
Au début je cherchais à apprendre et puis surtout, je voulais m’investir dans une démarche commune. Ainsi par la suite, j’ai été membre du bureau du syndicat pendant 8 ans, sous la présidence de Guilhem Viau (La Bergerie du Capucin). Puis avec le président suivant, Régis Valentin (Le Château de Lancyre) je suis passé vice-président, avant d’accéder à la présidence en 2022.
C’est la démarche collective qui vous a plu ?
Une AOP c’est forcément un collectif. Même si chaque vigneron a sa propre personnalité, on respecte tous le même cahier des charges avec pour objectif de promouvoir un terroir et ses singularités. On a une exigence commune pour soigner l’image et la perception de l’appellation. Une AOP est une marque, qui doit être identifiée et reconnue. C’est un travail de pédagogie et d’attention que nous menons au quotidien.
Quels sont les projets à venir ?
Quand je suis arrivé au syndicat, j’ai été impressionné par la qualité du travail fourni par les équipes regroupées
en commissions ; on a des groupes de travail qui font un super boulot en associant les vignerons, les caves coopératives, les équipes internes et toutes les compétences externes que l’on peut solliciter. On a initié 3 nouvelles commissions :
- Le Vignoble et le changement climatique : on sait qu’il est nécessaire de s’adapter à un avenir encore incertain quant à ses impacts. On souhaite inventorier les expérimentations en cours, pour les confronter, les partager, les reproduire... On va associer des équipes de recherche scientifiques sur Montpellier et on pourra partager nos résultats. Pour l’instant, on travaille sur 3 thématiques : le gel, le stress thermique* et le stress hydrique**.
- Les crus*** et le parcellaire : on souhaite aller plus loin dans une connaissance fine de notre parcellaire ; identifier les meilleures parcelles, adapter les récoltes et les vinifications pour chercher l’excellence.
- Les blancs : l’appellation est historiquement plus orientée sur les vins rouges, mais on a déjà une belle proposition sur les rosés, de vrais vins qui ne sont pas dénaturés. On a envie de promouvoir le joli caractère de nos blancs, on y travaille.
*Stress thermique : réaction de la vigne à l’excès de chaleur.
**Stress hydrique : réaction de la vigne au manque d’eau.
***Cru : la notion de cru sert à désigner un vignoble précis, plus précis qu’à l’échelle d’une appellation AOP.
De quoi s’occuper ?
Oui, mais c’est un travail passionnant, au plus proche des femmes et des hommes qui construisent notre vignoble et magnifient notre terroir.
Quelles sont selon vous les priorités d’une AOP ?
Naturellement la qualité du vin et le respect de son identité. On est bien sûr très attentif aux soins apportés au vignoble. C’est notre outil de travail et d’expression. Enfin, la pérennité économique à long terme fait toujours partie de nos préoccupations.
Certes on n'a pas à se plaindre, on a un terroir magnifique, une très belle renommée, les opportunités offertes par Montpellier qui est tout proche ; on est conscients de notre chance... Mais cela reste fragile et il faut savoir se remettre en question ; continuer à progresser, à nous améliorer.
Ce n’est pas forcément visible, mais pour assurer une exigence qualitative, notre métier demande de l’investissement, du travail, du personnel... Le travail de la vigne est important, et on mécanise le moins possible.