Bruno Le Breton - Domaine de la Jasse
Viticulture & territoire.
En 2008 Bruno Le Breton reprenait le Domaine de la Jasse où il exerçait jusque-là comme oenologue. Une belle aventure et un regard éclairé sur l’évolution du monde viticole.
Reprendre le Domaine de la Jasse, un joli challenge ?
Bien sûr ! Je suis devenu du jour au lendemain entrepreneur. J’ai dû emprunter, ce qui m’a poussé à me projeter sur le long terme. Il m’a semblé alors évident de trouver du sens à l’histoire que je voulais écrire.
Vous vous êtes alors inscrit dans une démarche RSE* ?
Cela s’est fait progressivement. Je me suis rendu compte qu’il s’agissait de bons outils de pilotage. Cette approche nous requestionne en permanence : qu’attendent de nous nos clients ? Nos collaborateurs ? La société ? Notre territoire ? En inversant ainsi la proposition, on trouve plus facilement des réponses, notamment face aux enjeux environnementaux.
* RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises.
Quelle est votre philosophie dans l’élaboration de vos vins ?
Nous aimons faire des choix, créer de nouvelles choses. On travaille par exemple sur des merlot et cabernet**, alors qu’ici les syrah et les grenaches** sont traditionnellement plus présents.
Mais ce choix plaît à nos clients car on a trouvé que ces cépages, quand il sont bien mûris et bien élevés, permettent d’offrir du plaisir à la fois à des gens qui sont un peu novices, mais aussi à un public plus exigeant qui va apprécier l’élégance d’un vin plus structuré, avec plus de complexités aromatiques et une belle capacité à vieillir. Ce challenge nous plait énormément.
** merlot, cabernet, syrah, grenaches : ce sont différentes variétés de plants de vigne.
Quels sont les avantages du Grand Pic Saint-Loup ?
Il y a une évidence que l’on oublie souvent : le pourtour méditerranéen est un hotspot mondial de biodiversité. On a fait des inventaires, discuté avec des spécialistes reconnus… Les rapports sont éloquents ; lorsque l’on compare avec d’autres régions viticoles, et parmi les plus prestigieuses, on fait des jaloux ! Nous bénéficions également d’entrées maritimes, qui nous apportent de l’eau, un bien essentiel à toute l’agriculture. Enfin, si nous avons cette mosaïque de vignes au milieu des garrigues, c’est que d'autres avant nous ont cassé des cailloux ! On doit à nos anciens et à notre histoire d’avoir structuré et entretenu nos paysages.
Qui sont ?
Le vin n’est pas un produit naturel, c’est une création de l’homme. Faire du vin a donc nécessairement un impact. Nous sommes confrontés au réchauffement climatique, à l’économie des ressources, à la préservation de la biodiversité et à la pollution. Pour chacun de ces enjeux, notre démarche est de quantifier précisément comment on diminue nos impacts négatifs, et comment on augmente la contribution positive à l’échelle territoriale. On s’inscrit ainsi dans une dynamique vertueuse et de progrès chiffrés.
Que représente pour vous « une autre idée du voyage » ?
Un voyage où l’on se sent bien, et bien accueilli.