La communauté du Val de Montferrand
À partir du XIIIe siècle, les paroisses et villages de la vallée de Montferrand, se regroupent sous l’autorité de l’évêque de Maguelone et du Châtelain de Montferrand, pour former la communauté du Val de Montferrand.
En 1172, La Maison de Toulouse s'empare des comtés de Melgueil et de Montferrand. Puis en 1209, durant la croisade des Albigeois, Raymond VI de Toulouse, soupçonné de complaisance à l’égard de l’hérésie cathare, fait don à l’église de 7 châteaux, pour s’attirer ses bonnes grâces. Le Château de Montferrand en fait partie et sera inféodé au diocèse de Maguelone. Raymond VI ne respectant pas ses devoirs de vassal, c’est l’ensemble du comté qui lui sera confisqué en 1211, puis transmis en 1215 aux évêques de Maguelone, qui deviendront comtes de Melgueil et de Montferrand jusqu'en 1793.
À la fin du XIIIe siècle, des communautés villageoises se structurent progressivement.
L’évêque de Maguelone, qui détient désormais l’autorité comtale, accompagne cette mutation et récompense les habitants de la vallée de Montferrand qui lui sont restés particulièrement fidèles. Il octroie ainsi à certaines paroisses et villages, des privilèges et avantages, détaillés par trois actes fondateurs de 1276, 1285 et 1292. Dans les faits, il s’agit de progrès sociaux qui marquent l’intérêt de l’évêque à ce que le peuple ne soit pas pressuré par les seigneurs subalternes, en limitant certaines charges et veillant à de meilleures libertés individuelles.
La « communauté du Val de Montferrand » sera ainsi instaurée lors de la première charte de 1276.
Elle regroupe alors 6 paroisses (Valfaunès, Saint-Mathieude-Tréviers, Saint-Jean-de-Cuculles, Saint-Sébastien-de-Casanhas (Le Triadou), Saint-Gély-du-Fesc, Saint-Étienne (Cazevielle)) et 2 villages (Combaillaux et Saint-Clément-de-Rivière).
Elle va s’étendre progressivement jusqu’à compter une quinzaine de paroisses et/ou villages comme Les Matelles, Viols-le-Fort, Saint-Bauzille-de-Montmel ou encore Vailhauquès regroupés autour du château. Elle installera son siège aux Matelles, sous l'autorité de l’évêque, représentée par le châtelain et officier du Château de Montferrand et s’organisera en syndics élus, représentant chaque paroisse ou village.
Au XVe siècle, alors que le royaume est encore ravagé par la guerre de 100 ans, l’église perd progressivement de son influence et le comté de Montferrand se rapproche du royaume de France. Les habitants du Val de Montferrand entrent alors en relation directe avec le pouvoir royal pour avoir l’autorisation de fortifier leurs villages.
En 1459, ils obtiennent le droit de siéger aux États-Généraux du Languedoc, confirmant la solidité de leur entente. Ils vont faire preuve d'une véritable conscience communautaire. Dans leurs actes juridiques, ventes de biens, testaments, condamnations pénales, ils spécifient leur appartenance et leur implication au sein de la communauté des villages.
L’institution de ce regroupement d’intérêts au travers d’actes bien identifiés, va définir une unité politique, une représentation nécessaire pour peser face aux villes plus importantes comme Montpellier, Ganges ou Lunel. Le Château de Montferrand, du haut de son éperon rocheux, nous rappelle encore aujourd’hui les épopées de cette entente communautaire et territoriale.